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Faut-il vraiment prêter aux banques ?

Alors que le gouvernement prépare une nouvelle recapitalisation des banques, portant à 21 milliards d’euros l’aide publique en capital, à seule fin d’empêcher une asphyxie du crédit, tous les signaux d’alerte sont en rouge : les banques étranglent avec un angélisme apparent et une froide détermination les entreprises de toutes tailles, fermant sans état d’âme leur accès au crédit, provoquant l’écroulement des plus faibles et l’effondrement des dominos économiques, les uns après les autres. Les commerçants, les artisans, les petits et les grands patrons dénoncent le comportement des banques : la convergence des propos est stupéfiante. Qui le remarque ?

     Dans cet environnement cataclysmique, collectivement suicidaire, dont les responsables de l’Etat n’ont pas suffisamment conscience semble-t-il – sauf à être complaisants ou impuissants, la gravité de la situation nous oblige à dénoncer sans relâche le drame en cours et les responsabilités de ceux que l’on aide pendant qu’ils nous enfoncent. La réalité des comportements doit changer. C’est un impératif !

Aujourd’hui, les entreprises qui le peuvent, abandonnées par leurs banques, multiplient les émissions obligataires pour se financer. Ces entreprises prennent un risque considérable, celui de la remise en cause de leurs signatures.  Mais elles n’ont pas d’autre choix. Elles contribuent ainsi, avec les Etats surendettés qui s’y financent déjà, au-delà du raisonnable, au prochain krach du marché obligataire, à la prochaine envolée de l’inflation et des taux d’intérêt… Qui fera le plus grand malheur des épargnants, des entreprises et des contribuables, déjà victimes de la crise économique, lorsque cette dernière commencera à passer !

Nous devons nous interroger sur la pertinence de l’aide aux banques. Et le faire sans tarder !

Economiquement, elle est inopérante, puisqu’il est aujourd’hui prouvé que cette manne ne sert pratiquement pas l’économie mais le bilan des banques ! C’est le tonneau des Danaïdes !Politiquement, elle est inquiétante puisqu’elle donne corps aux accusations de collusion entre « les puissances d’argent », qu’elle ouvre un boulevard aux mouvements qui ne manqueront pas de profiter de l’espace pour abattre le système, et qu’elle finira par déstabiliser le pays si rien n’est fait.  Socialement, elle est désastreuse puisqu’elle limite la capacité de l’Etat à empêcher les drames humains qui touchent chaque jour plus de familles, et vont toucher dans les prochains mois chacun d’entre nous si nous ne réagissons pas très vite !

Pour tous ceux qui doutent encore du cynisme des banques et pensent qu’elles servent l’intérêt général en défendant avant tout leur intérêt particulier, rappelons que les banques ont vendus ces dernières semaines le livret A à 4%, en cachant à beaucoup de leurs clients la baisse prochaine de son rendement dont le principe leur était pourtant connu depuis longtemps…  Rappelons aussi que les banques ont laissé leurs clients, souscripteurs de leurs OPCVM sur les marchés financiers, supporter l’effondrement des places en les incitant à y rester au lieu de les protéger, pour limiter les pertes supplémentaires de commissions sur l’encours de leurs fonds… Rappelons enfin que les banques sont aujourd’hui tentées de verser à leurs actionnaires des dividendes pour 2008…

Au centre d’un système miné par la cupidité et l’hypocrisie, la déshumanisation et la déculpabilisation des fautes, l’opportunisme devenu totalitaire, les banques fautives ne doivent pas être aidées mais sanctionnées. L’argent qui aurait pu leur être « prêté » devrait être prêté, directement, aux TPE, PME. Ou de nouvelles banques ne confondant pas tous les métiers, être créées pour se substituer aux incendiaires défaillants. Saluons au passage l’extraordinaire travail du médiateur du crédit, qui démontre par ses résultats mêmes ce qui est dénoncé ici. J’en appelle à tous ceux qui partagent la volonté de sursaut. J’en appelle aux victimes actuelles et prochaines. J’en appelle à tous ceux qui refusent d’être complices du carnage, dans les banques et dans les ministères. Ne laissons pas faire ce désastre ! Alors, nous pourrons dire que la crise a servi à quelque chose…

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Crise : les banques sous pression…

Les banques sont aujourd’hui considérées comme les principales responsables de la crise. Pas un jour sans qu’elles soient accusées, d’abord d’avoir fabriqué et diffusé les produits complexes à l’origine de la crise des « subprimes », ensuite de propager la crise financière à la sphère de l’économie réelle en revenant sur les autorisations de découvert de leurs clients et en limitant le recours au crédit. En première ligne de ces critiques véhémentes… le gouvernement, qui met en garde, menace et place les établissements bancaires sous surveillance, en contrepartie des aides de l’Etat. La situation peut sembler étonnante, surréaliste même, tant le pouvoir politique et administratif et le pouvoir bancaire et financier ont semblé confondu ces dernières années, les hauts fonctionnaires passant de l’un à l’autre…

  

Le changement de ton entre les deux partenaires historique est la première conséquence d’une crise qui révèle, par incidence, l’incroyable emprise des banques sur notre société. Il illustre aussi spectaculairement la tentative du politique de rétablir sa primauté sur l’économique – l’une des ambitions du quinquennat de Nicolas SARKOZY. Dans le contexte actuel, ce dernier bénéficiera du soutien populaire. Mais attention aux espoirs déçus… car la colère du peuple peut rapidement devenir incontrôlable !

Le syndrome de Fouquet 

Les banques, au moment de l’éclatement de la crise des « subprimes » sont les véritables propriétaires du pays, comme l’a fait remarquer à juste titre dans une récente émission de télévision (Pièces à conviction – 17/12/2008) un dirigeant de PME prospère aujourd’hui affaiblie par la remise en cause de son autorisation de découvert par sa banque : « On a tous des crédits sur le dos… Tout appartient aux banques… C’est ça qui fait leur force ! ». Ce qui est vrai pour les entreprises l’est aussi pour les particuliers, propriétaires de biens immobiliers pour lesquels ils sont engagés sur de nombreuses années ou consommateurs suréquipés en « crédit revolving ». Et que dire de l’Etat, surendetté un peu plus chaque année par simple récurrence des charges de sa dette… Rien ne peut se faire sans les banques et la planète financière, qui font ou défont la politique économique, selon qu’elles soutiennent ou non les créations d’entreprises, accompagnent ou non les TPE-PME dans leur développement, aident ou non à financer les investissements industriels et ceux des collectivités territoriales… Dans la période faste qui a précédé la crise, les banques, toutes puissantes, ont accumulé des dizaines de milliards de profit quand autour d’eux les acteurs économiques les plus petits mais non moins indispensables (TPE-PME) et l’Etat, durablement affaibli, s’endettaient : celui qui détient la trésorerie tient le pouvoir réel… L’économie de l’endettement a été du pain béni pour les banques : pas étonnant qu’elles aient imaginé les montages les plus sophistiqués pour attirer de nouveaux clients, s’ouvrir de nouveaux marchés, et favoriser le développement du crédit. Jusqu’à en oublier les limites et les risques… Elles se sont vues régulatrices de fait de notre économie, et se sont arrachées les réseaux immobiliers pour contrôler toute la chaîne. Elles se sont vues maîtresses du jeu et du monde…   

La crise de l’été 2007 n’a pas remis en cause immédiatement cet état de fait – cet Etat dans l’Etat. Mais elle a fait prendre conscience à tous de l’énormité de l’emprise des banques sur notre société : aux premières lueurs de l’automne 2007, lorsque tout le monde s’inquiétait et s’interrogeait, les banques cachaient leurs pertes, les minimisaient. Le G7 a eu beau exiger d’elles qu’elles dévoilent « dans les cent jours » l’étendue de leur exposition, rien n’y a fait : les banques ont fait la sourde oreille, et livré des bribes d’informations quand on leur demandait de la transparence. Elles ont lancé un vaste plan média maniant l’opacité et la langue de bois, le cynisme et l’écran de fumée. Un certain mépris du politique et de l’opinion…

Mal leur en a peut-être pris. C’est le syndrome de Fouquet, ce surintendant aux finances de Louis XIV couvert de puissance quand le royaume était en faillite, qui provoqua sa chute en humiliant le roi… Le deuxième acte en place en 2008, va placer les banques entre le peuple et le roi, entre le marteau et l’enclume ! 

Les banques, le marteau et l’enclume 

Le président de la République, Nicolas SARKOZY, comprend que la crise peut provoquer un effondrement économique et un embrasement social en cas de défaillance (ou de blocage) bancaire. Il comprend aussi que la crise offre une opportunité historique de rétablir la primauté du politique sur le financier, du roi élu sur le roi banquier… Et il le fait savoir, communication gouvernementale contre communication de banques ! Car le temps presse : la colère gronde dans l’opinion, laquelle découvre peu à peu, que les banquiers si scrupuleux lorsqu’il s’agit de prêter l’argent de leurs clients, au point de demander toutes les cautions possibles, ont perdu des fortunes en légèreté sur les marchés spéculatifs ! La colère prend de l’ampleur quand certains petits patrons reçoivent une lettre de leur banque annonçant la fin de leur autorisation de découvert et le brutal arrêt de l’accompagnement bancaire au plan d’investissement programmé. La colère se propage quand les épargnants qui ont confié leurs capitaux à leur banque s’aperçoivent que ceux-ci ont fondu parfois de moitié, sans qu’un conseiller ne les ait jamais contactés, ou bien quand la banque exige le remboursement d’un prêt relais alors que l’immobilier, vendu par une filiale de la banque, devient invendable sans braderie… 

L’assemblage du marteau (le pouvoir gouvernemental) et de l’enclume (l’opinion) prend forme. Le politique se sent légitimé : il instrumentalise l’opinion pour contraindre les banques à changer. Le gouvernement lance un plan de soutien aux banques, contre un contrat moral : celui de soutenir l’économie. Double revanche : mise à disposition de la signature de l’Etat et ouverture d’une ligne de crédit de recapitalisation. Qui l’aurait imaginé il y a un an tout juste ? Mais ce serait sous-estimer les banques que de penser qu’elles vont répondre aussi docilement aux injonctions. Au mépris du contrat moral passé avec le président de la République, enfermées dans leur bulle, elles durcissent les conditions de crédit pour augmenter leur marge bénéficiaire (Les Echos du 10/11/2008) et négligent d’impacter la baisse des taux de la Banque Centrale Européenne, considérable. Elles favorisent un effet d’éviction du crédit en augmentant leurs crédits aux grandes entreprises tout en réduisant leurs crédits aux PME-TPE, subtilité qui leur permet d’indiquer par une campagne de presse massive que le taux de croissance de leurs crédits est stable en volume, quand des milliers de PME-TPE sont menacées de faillite immédiate, les carnets de commandes pleins ! Les banques évitent aussi, autant que possible, d’ouvrir des dossiers d’analyse de crédits aux entreprises pour empêcher leur transmission au médiateur du crédit en cas de refus : ce dernier, nommé par le président de la République, les surveillent et les dénoncent, car 80% des dossiers qu’il reçoit auraient dû passer ! Mais combien de dossiers n’arrivent pas jusqu’au médiateur ? Combien d’entrepreneurs renoncent ?  

Dans cette épreuve de force au plus haut niveau, les banques font de la résistance, pariant sur l’essoufflement du politique et la tétanie d’une opinion frappée par la crise. C’est un pari à très grand risque…

Banquier, fier de l’être, et sur la corde raide… 

Aujourd’hui, les banques n’ont toujours pas compris pas le changement de nature de leur relation au pouvoir et à l’opinion. La récente déclaration du président de la Compagnie financière Edmond de Rothschild, se déclarant « banquier et fier de l’être » et confiant au journaliste, dans le même article (JDD du 21/12/2008), qu’il a vendu son portefeuille boursier à l’automne 2006, est incroyable d’orgueil… Comment un dirigeant d’une société de gestion peut-il faire une telle déclaration aujourd’hui, quand tant d’investisseurs (et certainement dans son établissement) n’ont pas été invités à vendre leurs positions et qu’ils ont dû subir tout ou partie de la baisse des marchés ? Y aurait-il ainsi un marché pour ceux qui savent et peuvent arbitrer, et un marché pour ceux qui restent exposés dans les fonds, quoiqu’il arrive ? Ou, pire encore, faut-il comprendre que les intérêts d’une société de gestion (ne pas ajouter à la volatilité des cours celle des clients) seraient supérieurs à ceux de ses clients (ne pas perdre trop d’actif dans les mouvements de baisse) ? On préfère penser que le dirigeant satisfait n’était pas suivi dans son analyse par ses équipes techniques et commerciales… Car sinon, cela confine à la faute professionnelle collective !

Bien entendu, le dirigeant d’une banque n’est pas la banque à lui tout seul, et tous les banquiers ne sont pas aujourd’hui « fiers de l’être » ! Certains peuvent même en avoir honte aujourd’hui. Bien sûr, pas en haut de l’échelle… Plutôt parmi ces hommes et femmes en agences qui s’efforcent de s’occuper, sur le terrain, de leurs clients et qui sont aujourd’hui démunis pour agir, par absence de délégation. Ces conseillers bancaires, trop souvent limités dans leur pouvoir par une organisation industrielle centralisée, impersonnelle, qu’ils incarnent malgré eux, risquent d’être parmi les premières victimes de la crise. Ils sont en première ligne sur le front du mécontentement, et n’ont pas la capacité d’agir. Les laissera-t-on supporter seuls la possible vindicte populaire ou le poids des drames personnels des clients qui auront tout perdu à cause de la banque ? Il y aura une très grande responsabilité des dirigeants bancaires dans le malaise prochain qui risque d’atteindre les réseaux, s’il ne l’a pas déjà atteint. On a oublié la banque de proximité au bénéfice d’un réseau local de distribution pour clientèle captive… Aujourd’hui, le personnel d’agence est tout seul, sans plus rien à distribuer, ayant perdu une grande partie de sa légitimité de conseil, à devoir rendre des comptes! Car l’opinion va lui en demander… En se voyant toutes puissantes mais sans vouloir assumer le devoir que la puissance impose, les banques ont commis l’irréparable : se mettre à dos en même temps le peuple et le roi politique ! Les banques captaient la très grande partie de l’épargne pour trois raisons : elles étaient solides financièrement ; elles faisaient crédit ; elles parvenaient à suivre vaille que vaille la hausse des marchés boursiers. Aujourd’hui, elles sont fragilisées financièrement ; elles ne font plus crédit ; elles ont laissé leurs clients perdre une grande partie de leur épargne. Les banques sont en grande difficulté, sur la corde raide, et pourraient, dans les prochains mois, être confrontées à de très forts mécontentements collectifs, relayés par le pouvoir politique, national ou local. A l’apparition de nouvelles formes d’actions : la volatilité des comptes et de l’épargne. A la concurrence de nouveaux acteurs : les particuliers et les entreprises eux-mêmes qui devraient pouvoir se prêter de l’argent les uns aux autres, et pourquoi pas de nouvelles banques locales, soutenues par les collectivités et les fonds d’investissement de proximité ? 

Les mois qui viennent seront décisifs : le pouvoir politique a tout intérêt à obtenir gain de cause ou à rechercher les alternatives. Les banques ont tout intérêt à changer. Elles le peuvent encore. Le pays a besoin de banques responsables et solidaires et pas de machines à dividendes. De banques qui remplissent leur véritable mission : le financement de l’économie, et n’accumulent pas tous les métiers ! Elles ont peu de temps pour le faire…

Patrick HERTER – 26/12/2008

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Plutôt que de discrimination positive, c’est de République qu’il nous faut !

Avec l’élection de Barack OBAMA, le débat sur la discrimination positive a été relancé en France. Le manifeste pour l’égalité réelle, initié par Yazid SABEG, nous invite à demander plus et mieux au politique et à la société. Dans un contexte porteur d’enthousiasme et d’espoirs, quelques principes fondamentaux doivent pourtant être rappelés pour éviter la confusion puis les désillusions. Le besoin de discrimination positive est avant tout un aveu de disfonctionnement de notre République, et reste, quoiqu’on en dise, une discrimination ! Plus que de discrimination positive, c’est de République dont nous avons besoin…

L’élection de Barack OBAMA à la présidence des Etats-Unis a consacré de belle manière la possibilité pour un candidat issu d’une minorité d’accéder à la plus haute charge de l’Etat fédéral. Cet événement doit être salué comme une avancée majeure, plus de cent quarante ans après l’abolition de l’esclavage et quarante ans après l’assassinat de Martin LUTHER KING. Mais cet événement ne peut se réduire à une couleur de peau. Ce serait méconnaître gravement la situation des Etats-Unis et le candidat élu, qui n’a jamais considéré incarner ou représenter les noirs.  

Faut-il rappeler qu’aujourd’hui encore, un noir sur neuf de 20 à 34 ans est en prison ? Faut-il rappeler que les minorités raciales souffrent aujourd’hui encore aux Etats-Unis, au moment de l’élection, d’inégalités dans l’éducation, de discrimination économiques ou de difficulté d’accès au logement ? Faut-il rappeler, comme le soulignait Eric FONER, professeur à l’Université Columbia de New York dans un entretien récent paru dans le quotidien Le Monde qu’en 1877, au lendemain de la guerre civile, il y avait deux Sénateurs noirs et qu’il n’y en a eu depuis… que trois, dont Barack OBAMA lui-même !

Cette élection, consacre-t-elle alors, autant que certains le souhaiterait, une avancée majeure du rêve Américain grâce à l’efficacité de la discrimination positive, ou bien la performance et la qualité d’un seul homme ?

L’élection de Barack OBAMA, l’incarnation du modèle républicain ? 

Attention aux analyses trop rapides. L’élection de Barack OBAMA n’est pas la preuve de la réussite du modèle américain : c’est « l’arbre qui cache la forêt », si l’on mesure la situation de trop d’Américains issus des minorités. Mais son ascension et son élection suprême sont aussi l’incarnation du modèle républicain : un candidat élu, non sur la couleur de sa peau, mais sur sa qualité. C’est tout le contraire de la discrimination positive !

Le modèle républicain, c’est celui de l’intégration, pas de la discrimination – même positive ! C’est l’assimilation par tout individu des codes sociaux nécessaires à l’accomplissement de son parcours. C’est l’épanouissement des influences partagées, enrichies entre une histoire personnelle et une appartenance, non pas au destin d’une communauté spécifique et refermée, mais à celui d’un Peuple, dans sa diversité. C’est l’épanouissement des ambitions, contre les conservatismes. C’est le contraire d’une ghettoïsation, et pas plus le renoncement à ses origines, le terreau collectif se nourrissant des différences… 

Dans le cas l’élection américaine, l’incarnation du modèle républicain s’affirme aussi par le fait que le candidat démocrate a occulté pendant sa campagne le sujet de la discrimination raciale pour dénoncer la discrimination sociale… Le problème n’est pas que les noirs n’accèdent pas au pouvoir : c’est d’abord que la situation économique et sociale de trop d’Américains (dont une majorité de noirs, mais pas seulement) les empêche d’y accéder. La nuance est importante, car elle change tout !

On comprend dès lors ce que cette élection porte d’espoir et de fragilité : l’espoir que d’autres individus, issus de minorités ou pas, suivent la voie tracée en s’extrayant à leur tour des pesanteurs sociales et en élargissant leur éventuel cercle communautaire ; la fragilité en même temps que cette voie ne soit fondée que sur la conjonction historique et aléatoire d’une candidature brillante dans une fin de mandat calamiteuse, du choix stupéfiant du Sénateur MAC CAIN pour une colistière inexpérimentée et non consensuelle… Enfin, sur le creusement de l’une des plus sérieuses crises financières puis économiques des cent dernières années !  

On prend conscience dans cette incroyable circonstance, que l’histoire pourrait rapidement régresser, la société stagner… Et le rêve américain se réveiller déçu ! Que restera-t-il alors des espoirs ? Et de la discrimination positive ?

La discrimination positive : instrument du modèle républicain ou sa négation ? 

Bien entendu, l’élection de Barack OBAMA et sa réussite sociale peuvent aussi apparaître comme l’effet direct de la discrimination positive, puisque lui-même a reconnu en avoir bénéficié, au départ de son parcours. Cela revient-il à affirmer que sans elle, rien ne se serait passé ? On peut le penser. Mais doit-on se contenter de cette réponse ? Tout le débat sur l’instauration d’une politique discriminante en France est dans cette incertitude !

Considérer que l’instauration d’une politique de discrimination positive pourrait permettre, en France par exemple, d’ouvrir les responsabilités aux minorités, c’est considérer, d’une part que le modèle républicain ne fonctionne pas, et d’autre part que le système ne peut pas s’améliorer de lui-même. C’est aussi accepter de payer le prix d’une politique discriminante… 

Sur le fonctionnement de notre modèle républicain, tout a été dit : les inégalités sociales, économiques, politiques y sont criantes. Les élites en place, organisées en ordres, préservent leurs situations acquises et dénaturent à leur profit le principe d’égalité, constituant ainsi une chasse gardée économique, politique et sociale dans laquelle il est quasiment impossible de parvenir si l’on n’est pas issu des grands corps, des familles, des élus… C’est à ce point vrai que les élites, lorsqu’elles s’appuient sur des collaborateurs issus des minorités visibles, les réduisent le plus souvent à l’action dans leur environnement originel ! L’utilité est évidente, puisque la bonne conscience acquise dans la « promotion d’un individu issu des minorités » se double d’un travail d’appropriation d’un groupe électoral nouveau…

Le disfonctionnement du modèle est tel que ceux qui pourraient, par leurs qualités participer aux cercles de pouvoirs s’auto limitent eux-mêmes, et peuvent hésiter à s’affranchir de leur cercle d’origine. Pourtant, le modèle républicain implique la négation du communautarisme. Peut-on en dire autant de la discrimination positive ? 

Considérer que le système ne peut pas s’améliorer lui-même, c’est renoncer par avance, alors qu’il y a aujourd’hui en France tant de Bastilles à renverser. Peut-on le faire en réparant l’injustice par d’autres injustices, en construisant d’autres Bastilles ? Le choix est décisif, car la discrimination positive remplace une injustice – la ségrégation raciale – par une autre : l’impossibilité pour un défavorisé issu de la majorité de bénéficier des mêmes droits qu’un défavorisé issu de la minorité… Le modèle proposé ainsi revient à lutter contre la discrimination… en discriminant ! A considérer le citoyen à partir d’une vision limitative de lui-même. A le conforter dans sa différence exclusive, garante d’une discrimination positive, seule possibilité pour lui de s’intégrer ! Mais s’intégrer à quoi ? A une société compartimentée et cloisonnée. A une société de quotas. Le contraire d’une société d’excellence et de mérite. Le contraire d’une République. Une société toujours bâtie sur l’exclusion… Et sur une inégalité assumée !

Plutôt que de discriminer, même positivement, donnons réellement la possibilité à chacun de trouver sa voie. Aidons-le à découvrir son réel talent, à construire son parcours. Et dénonçons tous ceux qui bloquent les mérites – aussi hauts perchés qu’ils soient ! Alors, nous aurons un jour, à n’en pas douter, nos Barack OBAMA ! 

Patrick HERTER – 14/11/2008

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Fédération des Yvelines : suite et fin ?

Le 22 octobre dernier, le COMEX a décidé d’organiser une nouvelle Assemblée Générale de la fédération des Yvelines. Cette décision, politiquement et juridiquement contestable, est infiniment regrettable. Elle confirme l’extrême faiblesse d’un parti qui considère comme des transgressions le sursaut de ses adhérents et la volonté d’une dynamique nouvelle. Dans un environnement économique, politique et social dramatique, le combat pour contribuer à l’émergence d’une véritable force radicale n’en est que plus indispensable…  

L’annulation d’une élection décidé par 57% des adhérents et votée par 52% d’entre eux ? C’est possible ! En décidant le 22 octobre dernier l’organisation d’une nouvelle Assemblée Générale dans les Yvelines, le Comité Exécutif a bouclé l’opération de neutralisation du Bureau élu en juin, lancée quelques jours après l’élection par le Secrétaire national du parti et l’ancien président.

Le parti radical, héritier de Napoléon III et du centralisme bureaucratique ! 

  

Cette décision est doublement contestable :

 

Elle est politiquement contestable, car elle donne raison à celui qui a agi pour son intérêt personnel et celui de son mentor, Président UMP du Conseil Général et ancien Maire de Mantes la Jolie, au lieu de remplir ses engagements départementaux. Elle est aussi contestable car elle s’apparente à un déni de démocratie : le Président légitimement élu est déjugé, et le Président illégitime (en irrégularité manifeste avec les statuts – jamais réélu depuis 2006) est conforté dans sa requête par les principales instances de direction ! Un président qui n’a besoin d’être élu qu’une seule fois pour « agir à sa guise » aussi longtemps qu’il (ou on) le souhaite, qui n’a nul besoin de développer le parti radical dans sa fédération, et qui peut empêcher toute velléité d’opposition en refusant l’organisation de réunions statutaires… Le parti radical s’affirme aujourd’hui, dans ses pratiques, comme le fils naturel de Napoléon III et du centralisme bureaucratique ! Nos fondateurs historiques doivent se retourner dans leur tombe…

 

Cette décision est également juridiquement contestable, car la légitimité de l’élection du 24 juin aurait les plus grandes chances d’être validée par la Justice si l’on en croit les avis de juristes… indépendants ! Elle est aussi contestable car la « Commission des statuts » (qui ne semble pas gênée le moins du monde par le mépris des statuts du précédent président…) a cru bon de souligner le 22 octobre que la décision du COMEX n’étant pas « disciplinaire », elle n’était pas susceptible d’appel devant le Congrès, ce qui est évidemment faux : la décision du COMEX est bien entendu disciplinaire, elle est susceptible d’appel, et cet appel est d’ailleurs suspensif… Pourquoi autant craindre le débat et la confrontation ?

 

Contestable politiquement et juridiquement, la décision du COMEX confirme aussi la faiblesse dramatique du parti Radical…

 

Un parti d’élus sans adhérent : le parti radical cultive le malthusianisme politique ! 

Le parti radical a, tout au long de son histoire, souffert de nombreux conflits entre adhérents et élus. Les premiers accusant les seconds d’agir trop souvent par opportunisme, à l’opposé des valeurs radicales qu’ils étaient censés porter et défendre. A raison parfois, car beaucoup de notables ne résistaient pas toujours au besoin d’être élus sous l’étiquette radicale pour rejoindre ensuite… des majorités opposées aux Radicaux ! Ces pratiques « de girouettes » ont beaucoup nui à l’image du radicalisme.

Aujourd’hui, trop d’élus « radicaux » sont Radicaux à l’intérieur et UMP à l’extérieur ! Ce constat a le don d’exaspérer les adhérents et certains responsables, fiers de leur identité politique, même si les actions du parti n’aident pas à la clarifier. Pour empêcher un éventuel conflit entre « la base » et « le sommet », la direction du parti radical règle à sa manière le risque… en brisant toute possibilité d’initiative des adhérents et en privilégiant l’arrivée d’élus ! Se dessine alors le visage du parti Radical rêvé par sa direction : un parti d’élus sans adhérent. Des élus de toute étiquette accueillis comme des frères. Et des adhérents méprisés, abandonnés, dont on ne demande même pas le concours. Pourquoi un travail de terrain, quand tout se décide dans les couloirs feutrés ? Surtout pas de vague, surtout pas de bruit… Les dirigeants du parti Radical se comportent comme des parents engagés la journée dans des œuvres sociales, un peu racoleurs dans les milieux autorisés, la main sur le cœur, qui rentrent à la maison pour taper leurs enfants au moindre mot de travers… Triste spectacle d’une autorité défaillante, qui confond œuvre collective et autoritarisme fouettard, direction d’un parti politique et action de bande. Le parti radical cultive aujourd’hui le malthusianisme politique : limiter le nombre d’adhérents pour se laisser toute liberté d’opportunisme et  ne gêner personne ! La lecture partisane des statuts contribue évidemment à éviter l’émergence d’une contestation ou d’une alternative…  

Ainsi, assistons-nous, médusés, à la lente agonie du parti radical, devenu auberge espagnole, sans valeur, sans programme, sans stratégie, sans autre ambition que de partager des postes qui ne viennent pas de nous… Un parti lisse comme la mort, qui a peur de son ombre, qui confond partenariat et soumission, et dont l’objectif se résume à un slogan : garder la place !

Lutter contre le naufrage organisé : politiquement ou juridiquement ? 

A ce stade, comment combattre le naufrage en cours ? Quels moyens utiliser ?

Deux axes sont possibles : l’action juridique, ou l’action politique. 

L’action juridique est la voie ultime pour dénoncer, lorsque plus rien n’est possible en interne : commissions sous influence, comités de copinage ou d’allégeance, actions sur le terrain empêchées… C’est une voie désabusée, une voix en colère, en rage. L’arbitrage est alors demandé à l’extérieur, à une justice indépendante. L’atout d’une telle action : elle fait sortir la contestation du cercle infernal de la confusion des pouvoirs qui empêche tout arbitrage équitable. Son grand tort : elle alimente la haine et détruit plus qu’elle ne construit. Elle est la réponse de l’impatience et d’une certaine forme d’impuissance… Mais en revanche, quelle désaveu pour les coupables, lorsque justice passe !

L’action politique est évidemment plus incertaine, plus lente, plus dépendante de facteurs psychologiques, humains, conjoncturels… Elle a l’avantage évident de viser au rassemblement des volontés, de ne pas creuser la haine, de ne pas fermer les portes à tous ceux qui ont l’intelligence de ne pas confondre combat politique et combat de boue, dénonciation d’une ligne politique et attaque sur les personnes… L’action politique a aussi l’atout de ne pas contribuer à ridiculiser encore un peu plus notre pauvre parti, sur la place publique, en demandant à la Justice de trancher des querelles « liliputiennes » qui n’intéressent personne – nouvelle preuve de la faillite de notre action publique ! 

Si d’autres ont fait le choix de l’action juridique, pour des raisons que je peux comprendre, je souhaite aujourd’hui m’en tenir à l’action politique. Rien que l’action politique. Mais toute l’action politique. J’ai la conviction qu’au sein du parti Radical, nombreux sont ceux capables de se rassembler, avec leurs différences, avec leur énergie, sur des valeurs communes, fortes. Nombreux sont ceux qui attendent une autre dynamique, un autre fonctionnement pour notre parti. Nombreux sont ceux qui pensent que la couleur du parti Radical ne peut se limiter à la couleur d’un ministère. Nombreux sont ceux qui sont convaincus qu’une action politique peut sortir renforcée d’une action de terrain, et d’une doctrine affirmée et assumée.

Dans un environnement économique, politique et social dramatique, qui risque à tout moment de faire vaciller notre société et les fauteuils dorés, j’appelle tous ceux qui veulent bouger à se manifester. Le parti Radical vaut beaucoup mieux que ce spectacle dérisoire, et nous avons les moyens de le changer ! 

Ne pas nous résigner. Et ne jamais renoncer.

  

Patrick HERTER – 28/10/2008

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Un fléau mortel sans fumée ni odeur : la financiarisation de la planète…

La crise des subprimes et la très forte fluctuation du cours des matières premières et des actions ne sont pas seulement causes du déclenchement de l’une des plus importantes crises financières des cinquante dernières années, dont les effets n’ont pas encore donné leur pleine mesure. Elles sont les fruits d’un fléau mortel, dénoncé de manière prophétique par Jean Jacques SERVAN-SCHREIBER, ancien président du Parti radical,  il y a plus de trente ans: l’économisation de la planète. Ce fléau ne bouleverse pas seulement  notre environnement : il détruit les valeurs de notre humanité…

 « Les esprits se soumettent à la force des choses, et y cherchent des excuses à leur démission. La force des choses, aujourd’hui et pour nous, c’est la loi économique. Elle déblaie, et déjà colonise l’avenir. Maîtresse du jeu, assurée d’une sorte de monopole sur les aspects essentiels de nos revenus, de notre environnement, de notre rôle même, elle risque fort de sacrifier nos plus précieuses valeurs à sa logique mécanique, immorale et de prendre, elle aussi ; un caractère totalitaire. » Ces lignes prophétiques ont été publiées… en 1970, dans sa préface du « Manifeste Radical », par Jean-Jacques SERVAN-SCHREIBER.

 

Aujourd’hui que le monde est confronté à la spéculation sur le cours des matières premières, à l’éclatement de la bulle du crédit immobilier, à la rupture des digues de solidarité interbancaires, à l’agitation impuissante de gouvernements, à la course sans fin, sans morale ni loi, de capitaux gigantesques investis d’un marché à l’autre au gré des opportunités, les lignes de JJSS sont saisissantes. Mais en l’état, l’hommage dû au Cassandre que l’on n’a pas voulu entendre ne suffit pas. Il nous faut réagir d’urgence !

 

 Les hommes, malades de l’argent 

 L’époque nous offre l’image saisissante d’une humanité dans un même élan triomphante et écrasée par les puissances d’argent. Le triomphe, c’est celui du capitalisme débridé, sans frontière, capable d’investir une économie du bout du monde un jour, d’arbitrer le lendemain des milliards sur le marché pétrolier, de faire flamber les matières premières puis de s’en dégager d’un clic… Ce capitalisme-là a fait la fortune d’audacieux financiers. Il a permis à des entrepreneurs de pays considéré autrefois « de deuxième zone économique » de racheter des secteurs entiers d’activité dans les pays dits « développés ». Il a, dans ses déséquilibres – par ses déséquilibres même ! – rééquilibré d’une certaine manière le jeu économique international, développant l’échange, propageant une croissance à deux chiffres dans des pays autrefois à la traîne et faisant reculer l’extrême pauvreté dans le monde…

 Dans le même mouvement, par ses réussites étonnantes et son champ d’intervention sans frontière, par le décloisonnement de ses marchés, ce capitalisme débridé a volatilisé le monde : il l’a rendu plus instable que jamais, et donné les instruments qu’il leur fallait aux spéculateurs. Il a fait croire en la réalisation d’un monde où tout serait possible à l’audacieux, au malin. Il a séduit les responsables d’entreprise les plus réticents au « bling bling » financier, qui n’ont pas pu résister trop longtemps aux opérations que tous les autres faisaient, sous peine de voir leur entreprise avalée par des concurrents moins frileux aux résultats financiers faramineux, ou dans le risque d’être renvoyés par des actionnaires impatients et versatiles. Les banques les plus prudentes, obsédées par le risque client, sont rentrées dans la danse aux milliards, risquant l’argent de leurs clients à qui elles refusaient crédits pour ne pas prendre de retard dans la course mondiale au toujours plus grands, toujours plus forts…  

 Dans cette folle farandole, l’éthique s’est encore affaiblie d’un clic… Et des milliards d’individus ont assisté en spectateurs impuissants, souvent rêveurs, à l’accomplissement des plus fulgurantes réussites, récupérant au passage des limousines, à la lecture des magazines, quelques miettes de succès…

 

 La crise financière : les victimes ne sont pas celles que l’on voit ! 

 La crise des subprimes, depuis l’été 2007, a révélé la fragilité de ce monde. Elle a révélé les opérations de dominos, la grande interdépendance des puissants – leur grande hypocrisie aussi ! Les marchés boursiers se sont retournés, puis affaissés : ils s’écroulent à présent. Mais les victimes ne sont pas ceux que l’on présente chaque jour un peu plus !

 Dans le monde, les milliards continuent de circuler. Les institutionnels les moins fautifs, les moins engagés, traverseront la crise en renforçant leurs positions de marché, leurs capacité à étendre leur puissance. Les plus fautifs, les plus exposés, disparaîtront ou perdront leur indépendance. Et quoi d’autres : les plus riches arbitreront ou attendront. Mais pour les épargnants ? Pour les ménages les plus modestes ?  Le capitalisme débridé a eu la subtilité de créer une chaîne de responsabilité et de risque inversée : aux institutionnels les capacités financières massives, le temps indéfini, les soutiens publics et les outils pour agir vite ; aux épargnants les capacités financières limitées, le temps compté, le manque de moyens budgétaires des Etats pour aider, et l’absence d’outil pour agir vite et protéger ses actifs. La raison du plus fort, si elle a favorisé la volatilité du monde et la création d’une richesse rapide et imposante, s’est protégée du risque en le reportant sur les plus faibles !

 

 Quels sont ces risques : bien sûr l’emploi, menacé par des sorties de capitaux, des suppressions de postes, des délocalisations… Mais aussi le revenu : les 35 heures ont provoqué la stagnation du pouvoir d’achat en période de croissance économique, la dépression économique empêchera toute hausse prochaine…. Mais aussi l’épargne : combien d’épargnants ont été protégés par leurs banques des risques de marché ? Fort peu, puisqu’il s’agissait pour les sociétés de gestion des réseaux bancaires d’empêcher qu’à la volatilité des marchés s’ajoute la sortie des encours des fonds proposés à la clientèle. Les institutionnels ont arbitré, les épargnants sont restés… 

 

 La crise boursière que nous rencontrons, c’est le Titanic : aux 1ères classes les chaloupes ; à tous les autres l’orchestre… Les épargnants qui comptent sur leur épargne, pour leur retraite ou pour devenir propriétaires, dans dix ans ou demain, subissent directement la brutalité des marchés quand ils devraient être les premiers à en être protégés. C’est le véritable scandale de la crise. Il est d’autant plus insupportable que l’on demandera bientôt aux mêmes particuliers de soutenir les « pauvres pertes » des établissements bancaires, par la fiscalité ou la planche à billets. Il faut en tirer toutes les leçons…

 

 Pour une nouvelle gouvernance économique 

 Il n’y a pas d’autre possibilité que l’intervention politique, car comment demander à un système opportuniste de se brider lui-même ? Comment accepter aujourd’hui sans réagir que les banques qui bénéficient de fonds de soutiens considérables se préoccupent, non pas de soutenir l’économie en général, de protéger leurs clients les plus fragiles, d’accompagner les PME dans un environnement plus délicat, mais seulement de rétablir leurs fonds propres, de maintenir investis les encours en bourse de clientèles captives et de durcir les conditions de crédit ? Comment accepter que le politique assiste, sans réagir, à ce naufrage, et accepte d’en faire payer l’addition à des ménages qui ne sont responsables de rien et n’en n’ont jamais tiré le moindre profit !? Sommes-nous, autant qu’on semble l’affirmer, obligés de sauver les banques sans discuter, sous peine de voir disparaître le financement de l’économie, alors qu’elles sont aussi avares de leurs crédits aux PME – aux véritables créateurs de la croissance économique !?

 Il nous faut dénoncer les conditions de fonctionnement du système bancaire et financier. Il nous faut dénoncer le système qui veut que les erreurs des banques soient payées par les investisseurs en bourse qui leur a fait confiance, par les contribuables déjà matraqués fiscalement qui ne sont même pas forcément client de la banque fautive, par les entreprises à qui l’on ferme l’accès au crédit et qui servent de justification au soutien public…

 

 Il nous faut renforcer le contrôle des risques des établissements financiers, et orienter les capitaux vers l’économie réelle, non dans les bulles spéculatives, qui finissent tôt ou tard par éclater. Il nous faut imposer la transparence des comptes et des opérations, pour permettre aux acteurs d’évaluer leurs engagements, mais aussi faire payer aux acteurs financiers leurs spéculations en prime de risque due à la collectivité, dès lors que la collectivité a assumé financièrement leurs errements passés. Il faut obliger les banques à financer l’économie, ou créer un organisme qui le fera à leur place ! Il nous faut responsabiliser les acteurs financiers, en refusant les sauvetages systématiques qui permettent aux acteurs financiers de jouer sous le confort de la formule implicite : « pile je gagne, face tu payes » !

 

Non. Ce jeu de dupe a assez duré !

 

Patrick HERTER – 22/09/2008

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Fédération des Yvelines : un coup de force légitime et légal pour exister enfin !

Le 24 juin dernier, une Assemblée Générale de la Fédération des Yvelines du Parti Radical a été organisée à la demande de près de 57% de ses adhérents. Elle a voté à l’unanimité des adhérents présents ou représentés, totalisant plus de 52% des adhérents, pour constater la carence du Bureau élu en 2006 et élire un nouveau Bureau. Cette opération de réappropriation du Parti Radical par ses adhérents est doublement exemplaire, par sa légitimité et son souci de la légalité. Un rappel des faits s’impose…

 

Il ne suffit pas de s’appeler Parti Radical pour penser pouvoir s’affranchir des principes de base de la démocratie. Celle-ci n’est pas qu’une obligation : c’est une exigence absolue, permanente ! Depuis son élection en 2006, le Bureau de la Fédération des Yvelines n’avait jamais organisé d’élection ni convoqué une seule Assemblée Générale ! Ses membres étaient nommés par le Président et remplacés à sa seule initiative ; les réunions d’adhérents étaient systématiquement annulées, parfois à la toute dernière minute ; l’action du Parti Radical dans les Yvelines semblait devoir se contenter d’exister dans quelques quartiers d’une seule ville… Dans ces conditions, le Parti Radical ne pouvait pas se développer. Peut-être certains en avaient-ils décidé ainsi, ou bien des responsabilités avaient été confiées – et maintenues contre l’évidence – à des adhérents n’ayant pas la compétence requise… Preuve du succès de cette "stratégie" : trois adhérents sur quatre ont quitté la Fédération, et la démoralisation s’est généralisée parmi ceux qui restaient…

Un sursaut légitime des adhérents

Un sursaut a permis de rompre cette imposture. Un sursaut collectif qui devait, pour exister, trouver sa cheville ouvrière, un lien : ce fut Michel DUPART. Parachuté Secrétaire Général par le Président "fantôme", Michel DUPART s’est étonné de la méthode employée pour le nommer. Et plus encore lorsqu’il s’est aperçu que fonctionnait, en guise de Bureau du Parti Radical dans les Yvelines, une caricature de démocratie et l’inaction faite art… Michel a rencontré les adhérents. Claude CHABRILLANGES l’a soutenu immédiatement et a rencontré, lui aussi, des adhérents écoeurés. Une majorité d’adhérents a considéré que les choses ne pouvaient pas rester en l’état. Qu’il fallait une nouvelle mobilisation pour relancer le Parti Radical et faire de lui, par ses différences et ses valeurs, une valeur ajoutée de l’UMP, et non pas une valeur absorbée…

Un coup de force légal

Si la procédure a pu en étonner certains, c’est qu’elle a nécessité une très grande détermination de la base et une forte cohésion des volontés pour contrecarrer la préservation des situations acquises et les tentatives de neutralisation, multiples. Si la procédure suivie a étonné, c’est aussi qu’elle a tenu à respecter au pied de la lettre les statuts et le règlement intérieur du Parti Radical.

La tenue d’une Assemblée Générale avait été annoncée dès le 22 mai sur le site régional du Parti Radical. Sa date du 24 juin était connue. L’intention de plus de 50% des adhérents avait été révélée au plus haut niveau de notre Parti, et naturellement à tous les adhérents de la Fédération. Par un effet miraculeux mais illusoire, une quinzaine d’adhérents se sont inscrits en à peine une heure le samedi 31 mai ! Miraculeux puisque jamais la Fédération n’avait connu un tel pouvoir d’attraction… Et illusoire, puisque la simple lecture des statuts (article 3) aurait permis aux recruteurs de dernière heure de savoir qu’une adhésion est soumise à un droit d’opposition pendant une période de deux mois, ce qui ne leur permettait pas de votre le 24 juin… Trop tard pour contrer la volonté des adhérents !

L’Assemblée Générale s’est donc bien tenue le 24 juin. Les adhérents de plus de deux mois ont été convoqués. Et les résultats ont été sans équivoque… Un nouvel élan est aujourd’hui possible !

Agir dès maintenant tous ensemble

L’objectif de la grande majorité des adhérents de la Fédération des Yvelines du Parti Radicala été clairement affirmé, avant et pendant l’Assemblée Générale : lancer une véritable dynamique pour constituer une force radicale dans les Yvelines. La motivation n’a jamais été d’exclure ou de rejeter, mais de rassembler, dans le respect des textes et des volontés. De sortir des arrangements de couloir, désastreux pour notre Parti et pour l’ensemble de la classe politique, locale ou nationale. De se mettre au travail partout. Avec toutes les bonnes volontés. Y compris bien entendu avec l’équipe qui s’était contentée, des années durant, sans aucune légitimité, de penser que les Yvelines, c’était Mantes La Jolie !

Ce rassemblement, nous avons l’intention de la faire vivre, comme nous nous y sommes engagés. Ainsi :

– ce courrier rappelle les faits, car l’action menée est exemplaire et (re)fondatrice;

– un communiqué de presse a été envoyé aux médias locaux en fin de semaine dernière;

– dès maintenant, ce blog est accessible sur le site de la région, dans la rubrique "Fédérations";

– une adresse mail a été ouverte : federation78partiradical@orange.fr

– un site Internet départemental est en cours d’élaboration pour centraliser les informations, les contributions (plusieurs sont déjà attendues, rédigées par des élus) et construire un espace d’échanges;

– les adhérents des Yvelines recevront très prochainement un premier document sur les valeurs radicales, pour les aider à nous différencier de nos partenaires et de nos adversaires;

– dès le mois de septembre, nous lancerons une campagne d’adhésions et des actions sur le terrain. Nous organiserons aussi des réuniosn thématiques pour apprendre et partager.

Enfin, la Fédération des Yvelines est en marche !

Patrick HERTER – Président de la Fédération des Yvelines du Parti Radical

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L’annulation du mariage de Lille : un tollé salutaire contre la triple peine !

Si l’annulation du mariage de Lille pour « non virginité » choque tant l’opinion, c’est qu’elle révèle l’affaiblissement dangereux de nos principes républicains, au moment même où la pression des fondamentalismes religieux se renforce. Le caractère exemplaire de cette affaire oblige le politique à intervenir de toute urgence… 

Ainsi, un mariage a été annulé en France, en 2008, pour mensonge sur la non virginité… Stupéfiante régression, basée sur l’article 180 du Code civil, qui stipule qu’un conjoint peut demander l’annulation de son mariage s’il y a eu « erreur sur la personne, ou sur les qualités essentielles de la personne ». Dans le cas présent, étaient concernées les « qualités essentielles » de la mariée : le juge a donc considéré que la virginité était une qualité essentielle de la femme… Et que le mensonge sur sa virginité devait entraîner l’annulation.

 

On reste saisi devant le rendu du jugement et sur ses conséquences. Des observateurs avertis ont beau évoquer la protection des contractants pour justifier la décision, réaffirmer que le droit existe justement pour permettre au contractant floué d’annuler le contrat, indiquer la volonté des deux conjoints d’annuler le mariage, ou encore le flou des « qualités essentielles » qui laisse une part à la subjectivité… Cela ne passe pas !

 

 

L’écoeurement sur le motif et les principes qu’il sous-tend 

 

  

Plusieurs niveaux de réflexion face à cet écoeurement :

 

Sur le motif de cette annulation : peut-on considérer que la non virginité d’une femme peut provoquer l’annulation du mariage sans imposer la même qualité à l’homme, sauf à considérer que les droits de la personne humaine diffère selon le sexe ? Or la vérification chez l’homme est impossible. Le caractère de l’annulation de Lille est donc fondamentalement discriminatoire ! Notre justice peut-elle être à l’origine d’un tel camouflet aux principes fondateurs de notre République ?

 

Sur le principe de l’annulation : si l’on met de côté l’erreur sur la personne, dans le cas d’une usurpation d’identité, la référence aux mensonges sur les « qualités essentielles » nous renvoie l’image d’un homme (ou d’une femme) mentant pour conquérir, pour se retrouver tel qu’en lui-même (telle qu’en elle-même) après le mariage. Cela laisse d’abord libre cours à toutes les imaginations, à toutes les subjectivités, et en incidence à toutes les déviances.

 

Mais cela pose aussi plusieurs problèmes de fond :

 

– l’annulation est d’autant plus légitime que le mensonge s’oppose à une référence dogmatique, religieuse ou politique considérée par le plaignant comme supérieure au lien du mariage civil. Le mariage civil est alors soumis à d’autres règles que celles de la République, lesquelles sont susceptibles de l’annuler dès lors que l’individu s’en réclame. La porte est ouverte au communautarisme dans notre République. A un individualisme organisé dans une société éclatée, sous influences multiples… On ne peut pas l’accepter.

 

– si le mensonge entraîne l’annulation plutôt que le divorce, c’est que nous acceptons l’irresponsabilité des individus ou l’énormité du mensonge. Que nous acceptons l’effacement d’une « erreur », pourtant commise en toute connaissance de cause, ou la manipulation de l’un par l’autre, avec les incidences les plus graves. Le conjoint qui demande l’annulation en découvrant que l’autre lui a menti pourrait demander un divorce. En demandant une annulation, il considère que la collectivité (la justice au nom du peuple) doit valider une méprise particulière. Sommes-nous, dans l’affaire, devant cette énormité : certainement pas ! Les deux adultes étaient-ils irresponsables : pas plus, semble-t-il !

 

 

Un double scandale et une triple peine…

 

En réalité, dans cette affaire, il y a un double scandale, et une triple peine : bien sûr, le motif de l’annulation est un scandale judiciaire… Mais il y a aussi un scandale social qui le précède et le rend possible et qu’il faut aussi dénoncer : en France, à notre époque, dans notre société, une femme a été amenée à mentir sur elle-même, sous la pression d’un fondamentaliste rétrograde et de pratiques insoutenables qui ont bien peu à voir avec l’amour… jusqu’à la catastrophe finale. Cette femme n’a pas osé s’affirmer en tant que telle, et assumer sa vie, sinon le mariage n’aurait pas eu lieu. Elle n’a pas pu être « elle-même » et a dû mentir. Que craignait-elle ? Qu’espérait-elle : le pardon ou la catastrophe ?

 

L’annulation apparaît dans ce cadre comme une victoire des fondamentalistes sur son « mensonge », alors qu’il aurait fallu condamner ce fondamentalisme pour atteinte à la dignité humaine ! Cette pauvre femme a dû « passer » par l’épreuve de cette triple humiliation, de cette triple peine, pour s’échapper de ce mariage :

 

– s’humilier elle-même en renonçant à être elle-même, en se considérant « en faute » jusqu’à ne pouvoir sortir du mensonge,

 

– s’humilier au regard de son mari, dans l’intimité du couple,

 

– s’humilier au regard de la collectivité, par l’annulation du mariage consacrant « sa faute » !

 

 

Comment peut-on accepter cela ? Notre société a le devoir absolu de défendre les humiliés, d’éduquer les citoyens, par-delà leurs religions, et de combattre les pratiques ou doctrines qui pourraient dénaturer la personne humaine : sûrement pas d’en être complice, par Justice interposée…

  

Patrick HERTER – 09/06/2008

 

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L’engagement Radical aujourd’hui

On peut comprendre que l’engagement Radical apparaisse à beaucoup comme un anachronisme.  Le plus vieux parti politique de France fait partie de l’Histoire. Son action se confond avec la fondation de notre démocratie. Sa famille de pensée a tenu les premiers pas des Républiques. Les élections ont usé plusieurs générations de ses élus sur les bancs parlementaires. On ne compte pas les anciens présidents du Conseil… Mais ces temps glorieux sont depuis longtemps passés ! Alors, comment peut-on encore être Radical, au début du XXIème siècle ?

Se poser cette question, c’est d’abord poser celle de l’adhésion. Comment devient-on Radical ? Souvent par hasard et amitié, car le discours Radical est trop rarement identifiable. Pas suffisamment différenciant, en tout cas. La lumière est encore faible, la maison n’est pas localisée toujours avec beaucoup de précision… Et pourtant ! L’engagement Radical se réaffirme peu à peu. Pourquoi ? Parce qu’il possède un atout considérable : sa doctrine est d’une modernité stupéfiante ! Si tout le monde ne formalise pas cette modernité, beaucoup d’entre nous en ont l’intuition…

 

 

Une doctrine d’une stupéfiante modernité 

 

Aucune doctrine politique ne peut se comprendre comme un dogme. Elle est vivante, plus ou moins selon les circonstances et les hommes et femmes qui la font exister. Et répond, plus ou moins, aux enjeux de l’époque. Aujourd’hui, la doctrine Radicale bénéficie d’une chance unique…

 

Nous nous trouvons en effet, au début du XXIème siècle, dans un monde très proche de celui qui a vu le Radicalisme naître et s’imposer. La mondialisation n’a pas été inventée à la fin du XXème siècle : elle existait au XIXème ! Après un siècle de nationalismes et de cloisonnements, nous sommes à nouveau dans un environnement d’ouvertures et d’internationalismes, mais dont chacun mesure les limites et les dangers. Or, le Radicalisme s’est construit sur l’idée de ce monde là, sur l’ambition de parvenir à réguler ce monde là, à contenir ses dangers ! Comprenons l’importance de cette position : elle signifie que le Radicalisme est certainement, parmi les doctrines politiques, l’une des mieux placées pour apporter des réponses aux interrogations que se posent nos concitoyens.

 

Nous pouvons donner des clés de compréhension du monde tel qu’il est à une opinion qui a perdu ses repères !  Nous pouvons contribuer à organiser politiquement un monde dominé par l’ambition mercantile ! Nous pouvons réussir la synthèse de l’individualisme et de la solidarité. Nous pouvons, par notre pratique de l’action politique, réussir la synthèse entre l’indispensable compréhension du monde (globale) et les préoccupations quotidiennes (locales). Nous pouvons rétablir l’unicité entre la politique du haut et celle du bas, aujourd’hui éclatées ! Nous pouvons réconcilier les citoyens avec la politique…

 

Pour nous en convaincre, apprécions l’incapacité du parti socialiste, s’efforçant de concilier l’individualisme du libéralisme, et le social du socialisme post collectiviste ! L’impasse doctrinale est évidente. Le parti socialiste n’est pas en train de revoir son logiciel : il est en plein bug informatique ! En comparaison, le parti Radical possède, lui, dans ses bagages, les programmes pour fabriquer le logiciel capable d’assumer l’individualisme et le social. Cela ne tient qu’à nous de le travailler et l’imposer. Cette chance historique suppose aussi d’en accepter les enjeux…

 

 

L’obligation de réussir vite 

 

Le premier enjeu est que le monde a échoué à la fin du XIXème siècle et au XXème. Nous, Radicaux, avons échoué. Pas seuls bien sûr, mais nous avons certainement notre part de responsabilité. Cela a coûté très cher à notre pays et à l’humanité. Le risque, c’est donc d’abord un deuxième échec, qui serait cette fois peut-être définitif ! Le monde qui prend conscience de ses limites, qui prend la mesure de ses interdépendances, qui découvre son unicité et ses disparités, s’inquiète de ses excès, doit aller vite pour structurer une éthique de la responsabilité et une conscience politique adaptées qui s’imposerait à chacun. Nous avons perdu déjà beaucoup de temps…

 

Le décloisonnement du monde a offert sur un plateau la planète à des intérêts particuliers, essentiellement économiques et financiers, par nature cyniques et impatients. Le politique, non seulement n’a pas encadré cette libération, mais elle a même parfois confondu vitesse et précipitation ! Il faut d’urgence se reprendre. Que la conscience politique prenne la mesure de l’intérêt mercantile, de l’opportunisme individualiste, et de ses influences multiples. Sous peine de grandes désillusions collectives…

 

Cet enjeu donne une importance considérable à l’ambition que nous devons avoir, en tant que Radicaux. Cela dépasse très largement les petites querelles mesquines, les résistances pour préserver son petit pouvoir ou les manoeuvres pour l’obtenir ! Cela oblige à la conviction. A l’humilité. A la gravité. Au rassemblement. A l’enthousiasme aussi, de savoir que non seulement on peut agir, mais que l’on doit le faire. Cela oblige à l’ambition. Et au travail, car il ne suffit pas de ressortir les vieux discours ou de s’appesantir sur les gloires passées pour faire du neuf avec du vieux ! Il nous faut accepter le risque d’échouer en assumant notre responsabilité directe. Cela suppose d’accepter de perdre. Cela suppose aussi de prendre la mesure du pays dans lequel nous inscrivons nos actions …

  

  

La lucidité de se remettre en cause

 

Le deuxième enjeu est hexagonal. Il relève de notre devoir absolu et semble tout aussi brûlant que la conscience des dangers du monde : la France d’aujourd’hui est redevenue une société d’Ancien Régime. Cette France là – oui, celle dans laquelle nous vivons – ressemble à s’y méprendre à la société contre laquelle s’est battu le Radicalisme historique. Le système s’est reconstitué : les grandes entreprises imposent très logiquement la défense de leurs intérêts face à l’intérêt général. De nouveaux privilégiés ont remplacé leurs prédécesseurs en sachant imposer la logique reconductible de leurs corps. Le nouveau Tiers Etat est toujours toute notre société. Il ne pèse une nouvelle fois rien du tout dans son organisation et sa direction. Et il aspire à prendre sa place. Les Radicaux ont un impératif de représentation et d’action dans ce pays-là !

 

Rappelons-nous que les premiers Radicaux ont fondé leur légitimité sur la défense du faible contre le fort. Pour la Justice et l’Equité, contre l’Arbitraire et l’Injustice. Contre les Conservateurs, contre tous les Pouvoirs, dès lors qu’ils s’étaient figés dans le privilège au lieu de servir l’intérêt général. Les Radicaux sont les héritiers de la Révolution française. C’est une responsabilité majeure…

 

Rappelons-nous aussi que les Radicaux sont légitimes pour rappeler les principes de notre République. Ce qui a été fait n’est peut-être plus à faire, certes, mais c’est parfois à rétablir ! Nous devons contrecarrer les intérêts des puissants lorsqu’ils contredisent l’intérêt général. Nous devons lutter contre ceux qui abusent de leurs prérogatives pour protéger un intérêt personnel. Nous devons lutter contre tous les démagogues qui s’engouffrent dans la brèche de la frustration et de l’angoisse pour s’opposer aux principes de notre République. Nous devons nous opposer à l’ignorance qui peu à peu ébranle le socle de nos règles essentielles. Nous devons empêcher la confusion des rôles entre la politique, l’économique, la justice, le spirituel et rétablir la primauté du politique… Mais une politique affranchie. Nous devons renverser les règles qui pérennisent la puissance des forts (toujours les mêmes) contre les faibles (toujours les mêmes). La rente des installés contre ceux qui s’installent.

  

L’engagement Radical est tout le contraire d’une utopie passée ou d’une action politique dépassée. C’est un pragmatisme d’une très évidente modernité. C’est aussi une triste nécessité. Triste car la raison d’être du politique aurait été d’éviter d’en arriver là. De mieux comprendre l’évolution du monde. Ses déviances. Nécessaire car la raison d’être du politique est de traiter les urgences du monde avant qu’elles s’imposent à nous ! Une politique accomplie, c’est une Révolution (avec tous ses drames et ses aléas) en moins…

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Le FRR ou la tentation de Maxwell…

FRR : Fonds de Réserves des Retraites. Derrière le sigle, tous les ingrédients d’un possible scandale d’Etat. Une tentation irrépressible de mettre la main sur la cagnotte des retraites futures pour passer le cap des difficultés financières présentes. Un sujet éminemment politique, brûlant, qui renvoie à une célèbre affaire…

Créé en 1999, le Fonds de Réserve des Retraites a pour objectif de compléter, à partir de 2020, le financement des retraites des salariés du privé, des commerçants et des artisans. Il est alimenté par des fonds publics : excédents éventuels de la caisse vieillesse (inexistants aujourd’hui), ponction sur les prélèvements sociaux (1,5 milliards d’euros par an), part des recettes des privatisations (nulles aujourd’hui),… Son objectif initial est d’atteindre 150 milliards d’euros en 2020. Il représentait au 31 décembre dernier 34,5 milliards d’euros. Une somme suffisamment importante pour attiser l’appétit de l’Etat, si l’on en croit Le Monde dans son édition datée du 17/04/2008. Selon le quotidien, « le gouvernement y trouverait un moyen de combler une partie de ses déficits »…

Un petit retour en arrière, au début des années 90, nous permet de rappeler qu’à cette époque, un chef d’entreprise britannique, Robert MAXWELL, qui rencontrait des difficultés sérieuses pour financer ses activités avait eu l’idée de « prélever » près de 750 millions d’euros du fonds de pension de retraite de ses employés pour renflouer ses caisses et sauver son Groupe ! L’opération frauduleuse l’avait conduit au naufrage, au sens propre et au sens figuré : son groupe avait fait faillite, et lui s’était noyé en méditerranée…

S’il succombait à la tentation de renflouer ses caisses en « prélevant » quelques milliards du FRR, le gouvernement réaliserait une opération équivalente, une véritable « fraude d’Etat », qu’il nous faudrait dénoncer avec la plus grande fermeté. Bien sûr, nous savons tous dans quelles difficultés se trouvent nos finances publiques. Nous sommes tous conscients des efforts entrepris par le gouvernement pour changer la France dans un contexte économique et financier désastreux, et un environnement social particulièrement fragile… Mais les difficultés présentes justifieraient-elles le « hold-up » d’une caisse chargée de préparer l’avenir ? Si l’Etat a, selon les théories politiques classiques, le monopole de la violence, faudrait-il qu’il ait aussi celui de la fraude financière ? Pourrait-on accepter sans sourciller d’un gouvernement qu’il réalise sans gêne ce qui conduit à juste titre un entrepreneur en prison ?

 

De grâce, évitons cette « tentation de Maxwell » selon laquelle la fin justifie les moyens, qui met de côté la bonne conscience au profit d’un opportunisme de court terme. Cette tentation déconsidérerait gravement les responsables politiques en faisant légitimement douter de leur capacité à préparer l’avenir. Elle indiquerait que tout est permis. Un exemple terrible pour nos concitoyens. Le courage des réformes, à l’œuvre dans notre pays, ne mériterait pas un tel naufrage moral…

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