Le FRR ou la tentation de Maxwell…

FRR : Fonds de Réserves des Retraites. Derrière le sigle, tous les ingrédients d’un possible scandale d’Etat. Une tentation irrépressible de mettre la main sur la cagnotte des retraites futures pour passer le cap des difficultés financières présentes. Un sujet éminemment politique, brûlant, qui renvoie à une célèbre affaire…

Créé en 1999, le Fonds de Réserve des Retraites a pour objectif de compléter, à partir de 2020, le financement des retraites des salariés du privé, des commerçants et des artisans. Il est alimenté par des fonds publics : excédents éventuels de la caisse vieillesse (inexistants aujourd’hui), ponction sur les prélèvements sociaux (1,5 milliards d’euros par an), part des recettes des privatisations (nulles aujourd’hui),… Son objectif initial est d’atteindre 150 milliards d’euros en 2020. Il représentait au 31 décembre dernier 34,5 milliards d’euros. Une somme suffisamment importante pour attiser l’appétit de l’Etat, si l’on en croit Le Monde dans son édition datée du 17/04/2008. Selon le quotidien, « le gouvernement y trouverait un moyen de combler une partie de ses déficits »…

Un petit retour en arrière, au début des années 90, nous permet de rappeler qu’à cette époque, un chef d’entreprise britannique, Robert MAXWELL, qui rencontrait des difficultés sérieuses pour financer ses activités avait eu l’idée de « prélever » près de 750 millions d’euros du fonds de pension de retraite de ses employés pour renflouer ses caisses et sauver son Groupe ! L’opération frauduleuse l’avait conduit au naufrage, au sens propre et au sens figuré : son groupe avait fait faillite, et lui s’était noyé en méditerranée…

S’il succombait à la tentation de renflouer ses caisses en « prélevant » quelques milliards du FRR, le gouvernement réaliserait une opération équivalente, une véritable « fraude d’Etat », qu’il nous faudrait dénoncer avec la plus grande fermeté. Bien sûr, nous savons tous dans quelles difficultés se trouvent nos finances publiques. Nous sommes tous conscients des efforts entrepris par le gouvernement pour changer la France dans un contexte économique et financier désastreux, et un environnement social particulièrement fragile… Mais les difficultés présentes justifieraient-elles le « hold-up » d’une caisse chargée de préparer l’avenir ? Si l’Etat a, selon les théories politiques classiques, le monopole de la violence, faudrait-il qu’il ait aussi celui de la fraude financière ? Pourrait-on accepter sans sourciller d’un gouvernement qu’il réalise sans gêne ce qui conduit à juste titre un entrepreneur en prison ?

 

De grâce, évitons cette « tentation de Maxwell » selon laquelle la fin justifie les moyens, qui met de côté la bonne conscience au profit d’un opportunisme de court terme. Cette tentation déconsidérerait gravement les responsables politiques en faisant légitimement douter de leur capacité à préparer l’avenir. Elle indiquerait que tout est permis. Un exemple terrible pour nos concitoyens. Le courage des réformes, à l’œuvre dans notre pays, ne mériterait pas un tel naufrage moral…

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