Le 22 octobre dernier, le COMEX a décidé d’organiser une nouvelle Assemblée Générale de la fédération des Yvelines. Cette décision, politiquement et juridiquement contestable, est infiniment regrettable. Elle confirme l’extrême faiblesse d’un parti qui considère comme des transgressions le sursaut de ses adhérents et la volonté d’une dynamique nouvelle. Dans un environnement économique, politique et social dramatique, le combat pour contribuer à l’émergence d’une véritable force radicale n’en est que plus indispensable…
L’annulation d’une élection décidé par 57% des adhérents et votée par 52% d’entre eux ? C’est possible ! En décidant le 22 octobre dernier l’organisation d’une nouvelle Assemblée Générale dans les Yvelines, le Comité Exécutif a bouclé l’opération de neutralisation du Bureau élu en juin, lancée quelques jours après l’élection par le Secrétaire national du parti et l’ancien président.
Le parti radical, héritier de Napoléon III et du centralisme bureaucratique !
Cette décision est doublement contestable :
Elle est politiquement contestable, car elle donne raison à celui qui a agi pour son intérêt personnel et celui de son mentor, Président UMP du Conseil Général et ancien Maire de Mantes la Jolie, au lieu de remplir ses engagements départementaux. Elle est aussi contestable car elle s’apparente à un déni de démocratie : le Président légitimement élu est déjugé, et le Président illégitime (en irrégularité manifeste avec les statuts – jamais réélu depuis 2006) est conforté dans sa requête par les principales instances de direction ! Un président qui n’a besoin d’être élu qu’une seule fois pour « agir à sa guise » aussi longtemps qu’il (ou on) le souhaite, qui n’a nul besoin de développer le parti radical dans sa fédération, et qui peut empêcher toute velléité d’opposition en refusant l’organisation de réunions statutaires… Le parti radical s’affirme aujourd’hui, dans ses pratiques, comme le fils naturel de Napoléon III et du centralisme bureaucratique ! Nos fondateurs historiques doivent se retourner dans leur tombe…
Cette décision est également juridiquement contestable, car la légitimité de l’élection du 24 juin aurait les plus grandes chances d’être validée par la Justice si l’on en croit les avis de juristes… indépendants ! Elle est aussi contestable car la « Commission des statuts » (qui ne semble pas gênée le moins du monde par le mépris des statuts du précédent président…) a cru bon de souligner le 22 octobre que la décision du COMEX n’étant pas « disciplinaire », elle n’était pas susceptible d’appel devant le Congrès, ce qui est évidemment faux : la décision du COMEX est bien entendu disciplinaire, elle est susceptible d’appel, et cet appel est d’ailleurs suspensif… Pourquoi autant craindre le débat et la confrontation ?
Contestable politiquement et juridiquement, la décision du COMEX confirme aussi la faiblesse dramatique du parti Radical…
Un parti d’élus sans adhérent : le parti radical cultive le malthusianisme politique !
Le parti radical a, tout au long de son histoire, souffert de nombreux conflits entre adhérents et élus. Les premiers accusant les seconds d’agir trop souvent par opportunisme, à l’opposé des valeurs radicales qu’ils étaient censés porter et défendre. A raison parfois, car beaucoup de notables ne résistaient pas toujours au besoin d’être élus sous l’étiquette radicale pour rejoindre ensuite… des majorités opposées aux Radicaux ! Ces pratiques « de girouettes » ont beaucoup nui à l’image du radicalisme.
Aujourd’hui, trop d’élus « radicaux » sont Radicaux à l’intérieur et UMP à l’extérieur ! Ce constat a le don d’exaspérer les adhérents et certains responsables, fiers de leur identité politique, même si les actions du parti n’aident pas à la clarifier. Pour empêcher un éventuel conflit entre « la base » et « le sommet », la direction du parti radical règle à sa manière le risque… en brisant toute possibilité d’initiative des adhérents et en privilégiant l’arrivée d’élus ! Se dessine alors le visage du parti Radical rêvé par sa direction : un parti d’élus sans adhérent. Des élus de toute étiquette accueillis comme des frères. Et des adhérents méprisés, abandonnés, dont on ne demande même pas le concours. Pourquoi un travail de terrain, quand tout se décide dans les couloirs feutrés ? Surtout pas de vague, surtout pas de bruit… Les dirigeants du parti Radical se comportent comme des parents engagés la journée dans des œuvres sociales, un peu racoleurs dans les milieux autorisés, la main sur le cœur, qui rentrent à la maison pour taper leurs enfants au moindre mot de travers… Triste spectacle d’une autorité défaillante, qui confond œuvre collective et autoritarisme fouettard, direction d’un parti politique et action de bande. Le parti radical cultive aujourd’hui le malthusianisme politique : limiter le nombre d’adhérents pour se laisser toute liberté d’opportunisme et ne gêner personne ! La lecture partisane des statuts contribue évidemment à éviter l’émergence d’une contestation ou d’une alternative…
Ainsi, assistons-nous, médusés, à la lente agonie du parti radical, devenu auberge espagnole, sans valeur, sans programme, sans stratégie, sans autre ambition que de partager des postes qui ne viennent pas de nous… Un parti lisse comme la mort, qui a peur de son ombre, qui confond partenariat et soumission, et dont l’objectif se résume à un slogan : garder la place !
Lutter contre le naufrage organisé : politiquement ou juridiquement ?
A ce stade, comment combattre le naufrage en cours ? Quels moyens utiliser ?
Deux axes sont possibles : l’action juridique, ou l’action politique.
L’action juridique est la voie ultime pour dénoncer, lorsque plus rien n’est possible en interne : commissions sous influence, comités de copinage ou d’allégeance, actions sur le terrain empêchées… C’est une voie désabusée, une voix en colère, en rage. L’arbitrage est alors demandé à l’extérieur, à une justice indépendante. L’atout d’une telle action : elle fait sortir la contestation du cercle infernal de la confusion des pouvoirs qui empêche tout arbitrage équitable. Son grand tort : elle alimente la haine et détruit plus qu’elle ne construit. Elle est la réponse de l’impatience et d’une certaine forme d’impuissance… Mais en revanche, quelle désaveu pour les coupables, lorsque justice passe !
L’action politique est évidemment plus incertaine, plus lente, plus dépendante de facteurs psychologiques, humains, conjoncturels… Elle a l’avantage évident de viser au rassemblement des volontés, de ne pas creuser la haine, de ne pas fermer les portes à tous ceux qui ont l’intelligence de ne pas confondre combat politique et combat de boue, dénonciation d’une ligne politique et attaque sur les personnes… L’action politique a aussi l’atout de ne pas contribuer à ridiculiser encore un peu plus notre pauvre parti, sur la place publique, en demandant à la Justice de trancher des querelles « liliputiennes » qui n’intéressent personne – nouvelle preuve de la faillite de notre action publique !
Si d’autres ont fait le choix de l’action juridique, pour des raisons que je peux comprendre, je souhaite aujourd’hui m’en tenir à l’action politique. Rien que l’action politique. Mais toute l’action politique. J’ai la conviction qu’au sein du parti Radical, nombreux sont ceux capables de se rassembler, avec leurs différences, avec leur énergie, sur des valeurs communes, fortes. Nombreux sont ceux qui attendent une autre dynamique, un autre fonctionnement pour notre parti. Nombreux sont ceux qui pensent que la couleur du parti Radical ne peut se limiter à la couleur d’un ministère. Nombreux sont ceux qui sont convaincus qu’une action politique peut sortir renforcée d’une action de terrain, et d’une doctrine affirmée et assumée.
Dans un environnement économique, politique et social dramatique, qui risque à tout moment de faire vaciller notre société et les fauteuils dorés, j’appelle tous ceux qui veulent bouger à se manifester. Le parti Radical vaut beaucoup mieux que ce spectacle dérisoire, et nous avons les moyens de le changer !
Ne pas nous résigner. Et ne jamais renoncer.
Patrick HERTER – 28/10/2008
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