Alors que le gouvernement prépare une nouvelle recapitalisation des banques, portant à 21 milliards d’euros l’aide publique en capital, à seule fin d’empêcher une asphyxie du crédit, tous les signaux d’alerte sont en rouge : les banques étranglent avec un angélisme apparent et une froide détermination les entreprises de toutes tailles, fermant sans état d’âme leur accès au crédit, provoquant l’écroulement des plus faibles et l’effondrement des dominos économiques, les uns après les autres. Les commerçants, les artisans, les petits et les grands patrons dénoncent le comportement des banques : la convergence des propos est stupéfiante. Qui le remarque ?
Dans cet environnement cataclysmique, collectivement suicidaire, dont les responsables de l’Etat n’ont pas suffisamment conscience semble-t-il – sauf à être complaisants ou impuissants, la gravité de la situation nous oblige à dénoncer sans relâche le drame en cours et les responsabilités de ceux que l’on aide pendant qu’ils nous enfoncent. La réalité des comportements doit changer. C’est un impératif !
Aujourd’hui, les entreprises qui le peuvent, abandonnées par leurs banques, multiplient les émissions obligataires pour se financer. Ces entreprises prennent un risque considérable, celui de la remise en cause de leurs signatures. Mais elles n’ont pas d’autre choix. Elles contribuent ainsi, avec les Etats surendettés qui s’y financent déjà, au-delà du raisonnable, au prochain krach du marché obligataire, à la prochaine envolée de l’inflation et des taux d’intérêt… Qui fera le plus grand malheur des épargnants, des entreprises et des contribuables, déjà victimes de la crise économique, lorsque cette dernière commencera à passer !
Nous devons nous interroger sur la pertinence de l’aide aux banques. Et le faire sans tarder !
Economiquement, elle est inopérante, puisqu’il est aujourd’hui prouvé que cette manne ne sert pratiquement pas l’économie mais le bilan des banques ! C’est le tonneau des Danaïdes !Politiquement, elle est inquiétante puisqu’elle donne corps aux accusations de collusion entre « les puissances d’argent », qu’elle ouvre un boulevard aux mouvements qui ne manqueront pas de profiter de l’espace pour abattre le système, et qu’elle finira par déstabiliser le pays si rien n’est fait. Socialement, elle est désastreuse puisqu’elle limite la capacité de l’Etat à empêcher les drames humains qui touchent chaque jour plus de familles, et vont toucher dans les prochains mois chacun d’entre nous si nous ne réagissons pas très vite !
Pour tous ceux qui doutent encore du cynisme des banques et pensent qu’elles servent l’intérêt général en défendant avant tout leur intérêt particulier, rappelons que les banques ont vendus ces dernières semaines le livret A à 4%, en cachant à beaucoup de leurs clients la baisse prochaine de son rendement dont le principe leur était pourtant connu depuis longtemps… Rappelons aussi que les banques ont laissé leurs clients, souscripteurs de leurs OPCVM sur les marchés financiers, supporter l’effondrement des places en les incitant à y rester au lieu de les protéger, pour limiter les pertes supplémentaires de commissions sur l’encours de leurs fonds… Rappelons enfin que les banques sont aujourd’hui tentées de verser à leurs actionnaires des dividendes pour 2008…
Au centre d’un système miné par la cupidité et l’hypocrisie, la déshumanisation et la déculpabilisation des fautes, l’opportunisme devenu totalitaire, les banques fautives ne doivent pas être aidées mais sanctionnées. L’argent qui aurait pu leur être « prêté » devrait être prêté, directement, aux TPE, PME. Ou de nouvelles banques ne confondant pas tous les métiers, être créées pour se substituer aux incendiaires défaillants. Saluons au passage l’extraordinaire travail du médiateur du crédit, qui démontre par ses résultats mêmes ce qui est dénoncé ici. J’en appelle à tous ceux qui partagent la volonté de sursaut. J’en appelle aux victimes actuelles et prochaines. J’en appelle à tous ceux qui refusent d’être complices du carnage, dans les banques et dans les ministères. Ne laissons pas faire ce désastre ! Alors, nous pourrons dire que la crise a servi à quelque chose…